L’économie solidaire ou la nouvelle politique publique - 3 L’expérience de la banque communautaire nous amène à réfléchir plus largement à l’économie solidaire, intrinsèquement liée au développement des communautés et à la culture.
La coopérative en auto gestionLe travail est fondamental pour l’économie solidaire, car il concerne la vie et la subsistance des communautés. L’économie solidaire propose le travail en auto-gestion comme création d’un nouveau monde du travail et mode d’organisation. L’objectif est de résister aux schémas classiques pour rompre avec la subordination et l’exploitation dans le travail, et ainsi lutter contre les abus et les manques dans les droits des travailleurs. Le principe de fonctionnement est basé sur la coopération (par opposition à la compétition), qui est un processus d’interaction sociale, aboutissant sur des objectifs communs et des actions partagées. Le bénéfice de la production est redistribué à tous, le produit économique est entièrement le produit de la production sociale. En contrepartie, la coopérative ne peut ignorer le consommateur. Le mode de production et la qualité de la production sont donc deux paramètres importants. Ils permettent de vendre les produits et servent à valoriser l’orgueil des producteurs par rapport à leur travail. Cette insertion par le travail solidaire, permet de démocratiser la gestion du travail, de divulguer les secrets de production, de valoriser les relations à l’intérieur de la coopérative, de faciliter la distribution de revenu nouveau dans la communauté et, en soi, de renforcer le développement local durable. Pour la réussite d’un projet en autogestion, cela débute par la réunion d’un groupe de personnes ayant un esprit « d’entrepreneur coopératif ». Ils doivent apprendre à devenir patron en groupe pour renverser les rapports de domination du travail. La capacité de création collective est le moteur de la coopérative pour savoir savoir décider, gérer et prendre les décisions de la propriété collective. Le marché de la communauté devient une des composantes de la société organisée, plaçant l’homme au cœur des relations économiques, le marché devient ainsi politique. Une autre thématique abordée fut celle de la sécurité alimentaire liée à la notion de politique publique Le droit alimentaireLe problème de la sécurité alimentaire mondiale, permet d’aborder la notion de droit à l’alimentation, extension de la notion de sécurité alimentaire. La crise alimentaire actuelle n’est pas la première de l’histoire, mais elle a de particulier qu’elle touche toute la planète. L’insécurité alimentaire est vue comme le résultat du croisement de la crise énergétique, écologique et de l’augmentation de la demande alimentaire. Il traduit une crise de développement du système mondiale et la nécessité de le transformer. La solution se trouve dans la mise en palce d’une politique publique pour l’alimention. L’état doit mener une politique de sécurité alimentaire pour la population et dépasser les strictes programmes d’aide alimentaire en faisant du droit à l’alimentation un droit reconnu et appliqué (50% de la population du Ceará souffre de problème d’alimentation). Au-delà de la sécurité alimentaire, une politique éducative importante doit accompagner la mise en place d’une telle politique, pour donner la possibilité de choisir sa consommation et de modifier son alimentation (par exemple, malgré les problèmes d’alimentation, l’obésité progresse très rapidement au Brésil à cause d’une alimentation peu équilibrée ; les produits agricoles ne sont pas étiquetés et on ne sait pas leur provenance ; les OGM ne sont pas indiqués, etc). La nécessité de changer d’orientation est d’autant plus forte et nécessaire que le mouvement actuel au Brésil va vers une concentration des propriétés agricoles au détriment de l’agriculture familiale (50 % de la production nationale), en faveur de l’agro-négoce.Les exploitations d’OGM augmentent donc et la déforestation n’a jamais été aussi forte. L’appât du gain, la contraction des prix sur le marché mondial pousse à un accroissement des conflits dans les campagnes (la criminalisation des mouvements sociaux en est un exemple flagrant). Les intervenants craignent la mise en place d’une révolution verte accroissant le péril écologique et l’exode rural. Pour eux, les solutions se trouvent dans un ajustement des flux commerciaux, en limitant les exportations, en réalignant les prix sur le coût de production réel et en empêchant les inflations spéculatives (sur la terre et les produits). Il faut, en parallèle, améliorer les programmes d’acquisition de nourritures pour les plus pauvres et augmenter les aides de la bourse familiale et de la bourse d’éducation. Les programmes d’appui aux agricultures familiales doivent être renforcés pour permettre de lutter contre la pression de l’agro-négoce et favoriser la production agricole durable.
L’institut Joazeiro et le programme ProjovemUne autre intervention intéressante fut celle de l’institut Joazeiro qui développe un Centre de Référence en Alimentation Durable pour améliorer les problèmes de sous-nutrition et de mal-nutrition. En parallèle, une ferme en ville a été créée, un travail sur l’artisanat est accompli, etc. http://www.institutojoazeiro.org.br/ Le programme Projovem est destiné aux jeunes de 18 à 24, qui n’ont pas fini l’enseignement fondamental. Il doit permettre a de nombreux jeunes de se former pour permettre ensuite commencer une qualification professionnelle (liées aux demandes du marché comme l’alimentation, le tourisme, l’informatique, la mécanique métallique ou la construction), en la liant à la communauté et au quartier du jeune. D’autres présentations sont venues étayer les exemples d’action en faveur des communautés. Elles se heurtent à de nombreuses difficultés, comme celles du manque de participation dans les communautés, la présence quasi-unique de femmes (qui trouvent là un moyen de dépasser la simple fonction de mère au foyer et le système de domination patriarcale). Il y a des difficultés à assurer la continuité de certaines actions et de certains projets ou les problèmes de financement. D’autres questions peuvent se poser, comme la formalisation de l’économie solidaire qui souvent reste en dehors des règles du code du travail ou des (faibles) protections sociales. Ou encore comment assurer que le commerçant va vendre des produits issues de l’agriculture familiale et comment s’assurer que ceux-ci soient produits correctement ? Comment garder une éthique, comment viabiliser cette économie sur le long terme ? Mais ces pratiques sont nécessaires et deviennent vitales dans les communautés où elles s’implantent ce qui tend à les diffuser au-delà (beaucoup de coopératives ou de banques communautaires sont en création). Le lien avec les politiques publiques se trouvent donc dans la généralisation de ces pratiques. Aujourd’hui elle dépendent principalement de l’appui ponctuel offert par les institutions publiques à cette économie (mairies, états, etc) ou de l’appui de structures privées (instituts, fondations, etc). |
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