Ce 25 juin dernier Michèle Duvivier Pierre-Louis, 61 ans, a été désignée au poste de premier ministre par le chef de l’Etat d’Haïti, René Préval. De par ses compétences et ses qualités humaines, Duvivier Pierre-Louis semble être la personne la plus qualifiée aujourd’hui pour occuper ce poste en Haïti. Ayant travaillé dans le secteur social, culturel et différents autres domaines, Pierre-Louis incarne le possible changement dans le pays. Pour ces raisons nous proposons de peindre le portrait du premier ministre désigné.

Michèle Duvivier Pierre-Louis, une militante socio-culturelle

Née le 5 octobre 1947, à Jérémie (Sud-Ouest), Michèle Pierre-Louis est connue essentiellement pour son engagement sur le plan social et culturel. Elle dirige, depuis sa création en 1995, la Fondation Connaissance et Liberté (Fokal), qui a pour mission de favoriser l’accès à la culture, de promouvoir les structures nécessaires à l’établissement d’une société démocratique basée sur l’épanouissement individuel et collectif.

Depuis 2004 elle est également professeur chargée des cours de « Sciences et Cultures de la Caraïbe », et de « Grandes Civilisations » à l’Université Quisqueya (Port-au-Prince).

Pierre-Louis défend parallèlement certaines causes en lien avec la défense des droits humains, comme en 2002, lorsqu’elle a participé à la pétition pour la libération des paysans emprisonnés arbitrairement après la manifestation de Guacimal (Nord).

De même, en 2004, avec d’autres écrivains, artistes, intellectuels et éducateurs, elle a refusé de s’associer à des célébrations officielles du bicentenaire, perçues comme étant une tentative du gouvernement de l’époque de « rechercher une impossible légitimité ».

En mars 2008, Michèle Pierre-Louis a été nommée membre du Groupe de Travail en Education (GTE) créé par le Président René Préval. Elle a exercé à plusieurs reprises des activités de bénévolat au Centre de Promotion de la Femme Ouvrière (CPFO), au Réseau Caraïbe pour l’Education des Adultes, ou encore au Collectif de Rédaction de la revue Chemins Critique.

Michèle Pierre-Louis a une longue expérience au niveau des ONGs d’éducation populaire ou de développement. Elle a conduit des programmes dans plusieurs régions du pays, bénéficiant à diverses catégories de la population.

Femme de terrain, cette année, au nom de la FOKAL, Michèle Pierre-Louis a lancé, avec 6 autres organisations et l’appui de l’Union Européenne, le « Programme de Revitalisation du Parc de Martissant et des Quartiers périphériques » (Sud de la capitale).

Ce projet qui prévoit une action dans différents secteurs d’interventions entre autre dans la réhabilitation d’infrastructures, la création d’emplois, l’accès à l’eau, l’assainissement et l’éducation pourrait être considéré comme un avant goût de l’ampleur de la tâche qui attend Michèle Pierre en tant que Premier Ministre, si son choix est ratifié par les deux chambres du parlement.

Pierre-Louis a également travaillé dans des secteurs très variés que ce soit dans le domaine public, dans le secteur religieux ou dans le privé. Pierre-Louis a, par exemple, exercé dans le cabinet du Président Jean-Bertrand Aristide (1991) où elle était « chargée du projet de redéfinition des missions de l’Etat, de la coordination entre la présidence et les ministres et des demandes des organisations paysannes pour la réforme agraire ».

Elle a assumé des responsabilités dans des activités sociales de l’église et a été membre du staff de la Mission Alpha, qui conduisait dans les années 80 le programme national d’alphabétisation lancé par l’Eglise Catholique d’Haïti.

Au niveau du privé, Pierre-Louis a fait l’expérience d’être consultante en management après avoir été, de 1982 a 1991, co-directrice et copropriétaire d’une boulangerie (avec René Préval). A la fin des années 70, elle a été responsable de crédit dans une banque internationale établie à Port-au-Prince.

Economiste de formation, pionnière dans la protection des arts et des lettres en Haïti, ce qui semble caractériser Michèl Pierre-Louis c’est son militantisme, sa polyvalence et son sens de l’excellence qui ont été à plusieurs reprises salués.

Elle a reçu 5 distinctions, dont le « Libraries and Human Development in Haiti » en 2008 (Library of Congress, Washington), le titre de Trésor National Vivant en 2006 (Fondation Canez Auguste – Image et Marketing, Port-au-Prince), le Doctorat Honoris Causa in Humanities en 2004 (Saint Michael’s College, Vermont) et le Human Rights Prize en 1993 (Yoko Tada Foundation, Japan).

Si Michèle Pierre-Louis est ratifiée, elle aura à former un gouvernement et présenter sa politique générale aux sénateurs et députés.