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Haïti : l’absence de premier ministre bloque le pays dans la crise
7 juillet 2008 par Marie Visart

Désignée depuis le 23 juin dernier au poste de premier ministre par le président René Préval, Michèle Duvivier Pierre-Louis a déposé ce 4 juillet ses pièces au bureau de la chambre des députés. Une commission spécialement créée à cet effet est en cours pour étudier la conformité des documents devant confirmer son éligibilité ou rejeter ce choix.

Récapitulatif des faits de ces derniers mois

Depuis les émeutes qui ont fait six morts en avril, dans le contexte d’une crise alimentaire ayant provoqué de violentes manifestations, Haïti se retrouve sans chef de gouvernement. Après ces manifestations, le premier ministre démissionnaire, Jacques Édouard Alexis, a été censuré par le sénat le 12 avril dernier. Cela fait plus de deux mois que le pays vit au rythme des affaires courantes que liquide un gouvernement démissionnaire.

Le 28 avril, le Président René Préval nomme l’agronome Eric Pierre comme premier ministre. Après avoir reçu l’amont presque unanime du sénat, les parlementaires rejettent sa ratification comme chef de la primature qui invoquent l’absence de preuves permettant l’établissement formel de sa nationalité haïtienne d’origine. En effet, il semblerait que les Archives Nationales n’auraient pas retrouvé les noms des grands-parents du Premier Ministre désigné dans les registres d’Etat Civil de Jérémie (département de Grand’Anse), sa ville natale.

Par la suite, Préval désigne Robert Manuel, architecte de formation et ancien secrétaire d’Etat à la sécurité publique en 1996 sous la présidence de ce premier. Face au climat d’insécurité qui règne dans le pays, le choix de Robert Manuel pouvait paraître justifié. D’ailleurs lors de sa désignation on pouvait voir une campagne murale avec les slogans suivants « bob manuel= sekirite » (bob manuel= sécurité) ou « Sekirite, nou tout ap tann li » (nous avons tous besoin de sécurité) . Cependant la commission en décidera autrement. Cette fois-ci la commission estime que le profil de Robert Manuel ne répond pas à certains prescrits de la constitution du 29 mars 1987, notamment les alinéas 4 et 5 de l’article 157. Selon ces deux alinéas, pour être nommé premier ministre, il faut être propriétaire en Haïti et résider dans le pays depuis cinq années consécutives. Robert Manuel jouit uniquement d’un héritage dont il est co-propriétaire.

Pour la deuxième fois les choix de René Préval pour ls prétendants au poste de premier ministre ont été rejetés. Le président a-t-il perdu le contrôle de ses troupes ? Le bloc de Concertation des Parlementaires Progressistes (CPP) semble, par ces rejets successifs, vouloir montrer au chef de l’Etat qu’il est un interlocuteur incontournable s’agissant des grandes décisions de l’Etat. Pourtant ce bloc majoritaire à la chambre des députés est composé en grande partie des députés élus sous la même plateforme politique que le chef de l’Etat, Lespwa (Espoir).

Article 157 de la constitution du 29 mars 1987

Ainsi, avant de pouvoir être ratifiée comme Cheffe de la primature, Michèle Pierre-Louis devra franchir la première étape régie par l’article 157 de la constitution de 1987 qui stipule : « Pour être nommé Premier Ministre, il faut : 1) être haïtien d’origine et n’avoir pas renoncé à sa nationalité ; 2) être âgé de trente (30) ans accomplis ; 3) jouir de ses droits civils et politiques et n’avoir jamais été condamné à une peine afflictive et infamante ; 4) être propriétaire en Haïti ou y exercer une profession ; 5) résider dans le pays depuis cinq (5) années consécutives ; 6) avoir reçu décharge de sa gestion si on a été comptable des deniers publics.

La commission a maintenant en sa possession le dossier de Michèle Duvivier Pierre-Louis et l’avenir d’Haïti entre ses mains.




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