Criminalisation du Mouvement des Sans-Terre De plus en plus, la thématique de la criminalisation des mouvement sociaux revient au Brésil. Elle serait le résultat d’une offensive de l’agro-négoce (à l’image de ce qui se passe avec les producteurs de soja en Argentine) contre le virage à gauche du continent. Le Ministère Publique de l’Etat (MPE) du Rio Grande Sul (gaúcho) par un acte du Conseil Supérieur du MPE, souhaite dissoudre le Mouvement des Sans-terre. Cet acte fait suite à deux rapports réalisés par des opposants aux mouvements ainsi que par la brigade militaire de l’Etat. Selon les rapports, le MST est une organisation paramilitaire entraînée par les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et que, par conséquent, le MST représente une menace pour la démocratie. Un des rapports concernait aussi la Via Campesina et les relations du MST avec deux institutions, Instituto Nacional de Colonização e Reforma Agrária et la Companhia Nacional de Abastecimento. L’objectif du MST serait donc de créer un domaine qu’il contrôlerait, où le MST se substituerait à l’Etat. Ce domaine serait localisé dans une zone donnant l’accès à l’Argentine, et étant une des plus riches et productives de l’Etat. Une série de mesures ont donc été prises contre le mouvement, comme l’interdiction des déplacements ou marches des sans-terres, les campements sont perquisitionnés dans une optique de « pratique criminelle » pour les « désactiver ». Les relations de L’Etat gaúcho avec le MST sont des plus tendues et l’utilisation de la violence pour expulser les familles des sans-terres est devenue chose courante depuis deux ans, et s’est intensifiée depuis fin 2007. Ainsi, une marche du MST vers les municípios de Comarca de Carazinho a déjà été empêchée, la brigade militaire même des actions agressives et sans négociation et un nombre important de membre sont arrêtés. La Brigade Militaire a évacué deux campements en juin dernier à Coqueiros do Sul et a détruit les barraques, les plantations, l’école et le poste de santé. Les familles ont été jetées sur le bord de la route sur ordre du pouvoir judiciaire. L’action prétend détruire des bases utilisées pour commettre des crimes répétés. Les choix de ces campements ont aussi à voir avec la région qui possède certaines des terres les plus riches de l’Etat. Deux mobilisations de la Via campesina ont-elles aussi été empêchées. Selon, Leandro Scalabrin, l’avocat qui a dénoncé l’acte du MPE, « nous somme devant la plus grande conspiration civile-militaire réalisée pour annihiler un mouvement social depuis la fin de la dictature militaire brésilienne » et est en contradiction avec les droits civils et politiques de la constitution fédérale. Selon cet avocat, la Brigade Militaire adopte un modèle (la Kavala) qui sépare police et judiciaire et entraîne la création de zones spéciales sans droit. La coordination du MST dénonce les mesures et les actions contre la société civile et dénonçant un retour à l’autoritarisme de la dictature. La police fédérale a pourtant menée une enquête de janvier à août 2007 et a affirmé qu’il n’y a aucun lien avec les FARC et qu’il n’y existait donc pas de crime contre la sécurité de l’Etat. Selon le procureur d’ Etat, Jacques Távora Alfonsin, membre d’une ONG défendant les droits Humains, on ressuscite des pratiques de la dictature. Le gouvernement gaúcho prend parti pour les latifundiaires et viole de manière flagrante les droits humains et la constitution. La fonction du MP n’est pas de persécuter les pauvres revendiquant la réforme agraire. Les mesures sont donc idéologiques (une des critiques faites dans la première version d’un des rapports était d’être anti-capitaliste et de gauche) et politiques (le rapport se base sur le Statut de la Terre de 1964 établit par la dictature et qui détruisit les ligues paysannes). Pour le juriste Dalmo Dallari, professeur de droit à l’Université de São Paulo, ces événements visent à réduire les mouvements et les déplacements du MST (pourtant autorisés constitutionnellement) dans l’Etat, permettre des interventions policières illégales et ainsi casser l’organisation du MST. Le défi de la défense de la démocratie est donc en jeux. Plus d’information
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