Retours sur Fortaleza... Petit à petit, je me fonds dans la ville géante du nordeste, retour sur mes premières impressions absolument subjectives de celui qui n’a pas encore compris la réalité de la vie ici... Fortaleza est la plus grande ville du nordeste brésilien et la capitale de L’état du Ceará. Située au bord de l’atlantique (qui est chaud ! Si si !!), elle compte environ 2 millions et demi d’habitants, plus de 3 avec la périphérie. Elle est très étalée, ce qui donne une impression de gigantisme. Quelques buildings et tours viennent relever le décors d’une ville plutôt basse en periphérie, et leur nombre s’accroît au fur et à mesure que l’on s’approche de la mer. Là habitent les classes moyennes et hautes (les classes augmentent à mesure que les tours s’élèvent...), celles des gros 4x4 et des berlines aux vitres fumées. La ville est un circuit à ciel ouvert, où le flux de voiture est continue et impressionnant et avec des pompes à essences et à éthanol à chaque coin de rue. Les voitures slaloment entre les nids-de-poule voir d’autruche de la chaussée et cherchent à éviter les bus, véritables bombes ambulantes. Ils ne s’arrêtent (enfin pas tout le temps...) qu’une fraction de seconde pour happer les voyageurs, voltigeant dans la carcasse du bus et qui essaient, tant bien que mal, de sortir leurs pièces pour payer le guichetier. Le réseau de « onîbus » est plutôt bon et dense à Fortaleza, seul manque les horaires, les plans, les numéros des bus aux arrêts, ce qui est un peu compliqué pour circuler... mais bon on se débrouille. On voue un culte à la voiture (portes toujours verrouillés), symbole de richesse dans une des villes les plus inégalitaires du pays. Un sentiment d’insécurité enveloppe la ville, enfin, je ne le sens pas trop, mais on me le dit... En fait j’ai plus peur du moustique de la dengue... Ce sentiment est nourri par un nombre important d’ « assaltos » (d’attaque), mais est peut-être aussi monté en épingle par les médias (aurai-je un réflexe français ?). Reste que chaque fenêtre est renforcée par des barreaux de fer, chaque immeuble ou maison est masqué par un mur de deux mètres, surélevé de barbelés et/ou de morceaux de ver ou de fer. Des gardiens occupent les entrées de chaque immeuble et ne laissent entrer que les gens « connus ». La première fois que je suis rentré tout seul et que le gardien ne me connaissait pas, j’ai dû montrer patte blanche sous peine de rester à la porte. On met en cause les populations pauvres vivant à Fortaleza. La ville est située dans la région traditionnellement la plus pauvre du pays, région sans eau (et avec une absence « traditionnelle » de politique pour améliorer la situation) engendrant des sécheresses et famines fréquentes. C’est la région des migrants qui vont nourrir les zones les plus riches du Brésil, au Sud , à São Paulo, Rio ou encore Brasilia selon les époques. Il n’y avait donc pas beaucoup d’esclaves noirs, car il n’avait que peu de chose à produire, hormis l’élevage extensif. De par cette histoire, Fortaleza a une population plutôt métissée indienne et un tipe de nourriture composé de viandes grillées accompagnées de riz et de haricots (feijão) et de farofa (farine de manioc frit), à boire avec de la bière gelée. Il y a aussi les « salgados » (petits pains fourrés avec de la viande, du fromage...et c’est bon ! Pas très diététique... Et encore meilleur avec un café au lait sucré !). Ah si, ils mettent du ketchup et de la mayonnaise sur les pizze, madonna, dai ! Cette inégalité à aussi produit une dizaine de favelas dans la ville, comme Rosalina, composées en grande partie de paysans des terres sèches de l’intérieur, le Sertão. Ils sont venues rejoindre la ville industrielle, portuaire (terminal pétrolier de Petrobras), touristique (des km de plage et une chaleur tropicale, ça aide) et qui tend à se développer. La ville est aussi le centre universitaire du Nordeste et la vie culturelle est active. Actuellement se déroule un festival sur « échos de 68 » sur la situation du Brésil des années 60 à 68 (avènement de la dictature et des années de plomb). La ville est aussi rythmée par les airs du Foro (deux coups de hanche à droite, deux coups à gauche, deux coups de hanche à droite, deux coups à gauche, deux coups de hanche à droite, deux coups à gauche...). Politiquement, la ville est gérée par une jeune maire de 40 ans, Luizianne Lins, (élue en 2005), affiliée au Parti des Travailleurs et dynamique dans sa politique. Elle essaie de gouverner sur le mode participatif, en facilitant les rencontres, les activités des communautés, en luttant contre le tourisme sexuel, en privilégiant l’éducation, tout en maintenant une ligne économique ouverte à l’international (elle était cette semaine aux États-Unis, pour attirer les investisseurs potentiels), proche de la ligne actuelle du PT national. Je vais continuer à m’acclimater (le terme est juste, tant il fait chaud, et encore c’est l’hiver !) et ramener d’autres d’informations sur la ville et ses habitants, ses activités, il y a beaucoup à découvrir, pour ne pas rester en surface. Déjà, je commence à comprendre le nordestino, certes on rit un peu de mon accent du Portugal... Bon, je crois que je vais aller manger un salgado et boire un suco (jus de fruit à base de concentré, de sucre et d’eau et bien évidemment gelé !) |
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