Les délices de Port-au-Prince Circuler à Port-au-Prince est un véritable plaisir. Les boulevards sont étroits, les trottoirs encombrés, on enjambe les marchands et les voitures risquent à tout moment de renverser un piéton. Les dés sont lancés faites votre choix : voiture privée, tap-tap, à pied ou en taxi moto ? La circulation est simple, cela marche essentiellement par klaxon. Tout est prétexte pour user de cet outil sonore : avertir de son arrivée dans un carrefour, demander au véhicule précédant de se ranger pour pouvoir le dépasser, exprimer son mécontentement si une personne ne respecte pas les règles du klaxonnement ou si un piéton fait obstacle en traversant. La raison du plus fort est toujours la meilleure nous l’allons montrer tout à l’heure Un marchand s’aventurait Dans les avenues de Port-au-Prince. Une voiture survint de nulle part, Avec au volant un chauffard Lancé à grande vitesse, Et qui ne se souciait guère de renverser le marchand qui traversait.
Dit ce chauffard dans sa rage : Tu seras châtié de ta témérité. Sire, répond le marchand, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu’elle considère Que je me vas vendre de l’eau pour abreuver la soif d’un conducteur d’auto Ce plus de vingt pas à côté d’Elle ; Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa circulation Tu la troubles, reprit cet homme cruel, Et là-dessus le chauffard s’élance en bousculant le piéton avec sa tap tap mobile sans autre considération. La morale de cette histoire c’est qu’à Port-au-Prince, les piétons n’ont pas de droit. Ce sont les personnes motorisées qui font la loi et elles ne s’en privent pas. Il faut savoir que le piéton se retrouve dans une jungle polluante et motorisée sans qu’il y ait d’emplacement aménagé pour lui permettre de circuler. Il est coutume de voir des voitures lancées à grande vitesse qui manque à chaque coin de rue de renverser des gens à pieds. Néanmoins, il semblerait que dans certains quartiers si un conducteur renverse quelqu’un par mégarde, il risque comme on le dit si joliment, d’être passé à l’infinitif par la population témoin. La raison du nombre est dans ce cas si la meilleure. Circuler à Port-au-Prince n’est pas toujours chose facile surtout pour les non-initiés. Jacky, mon colocataire congolais avant de s’aventurer dans les transports en commun demande conseil. Un seul conseil lui est donné à savoir, dans un tap-tap pour signaler le souhait de descendre on peut utiliser différentes expressions comme « frape pou mwen, sone pou mwen, mèsi chofè ». Jacky part confiant. Une fois dans le tap tap il paie sa course avec son billet de cent gourdes en oubliant de redemander sa monnaie. Une fois descendu, il comprend son erreur et courant après le tap tap il hurle « frape pou mwen ! sone pou mwen ! mèsi chofè ! ». Tout le monde le regarde ébahit sans comprendre le sens de sa requête étant donné qu’il était déjà descendu. Mais finalement, le tap tap s’arrête et Jacky heureux, récupère sa monnaie et des souvenirs pleins la tête. Accueillants et sociables Contrairement à la France, les lieux publics sont de véritable lieu de socialisation. A Port-au-Prince, comme sur le reste du territoire, les gens se saluent facilement et s’interpellent par de gentils surnoms. Avec la modernisation, je pensais que ses traditions haïtiennes se seraient perdues. Mais ici on engage toujours aussi naturellement la conversation que ce soit dans la rue, au restaurant, ou dans les transports en commun. La première chose qu’on dit en montant dans un tap tap c’est « bonjou ou bonswa » tout dépend si c’est avant ou après midi.Il est fréquent également qu’un passager prenne en cours de route une conversation déjà engagée. Le tap tap est non seulement un véritable lieu de socialisation mais aussi une source d’information inépuisable. Si on veut connaître l’actualité du moment et ce qui préoccupe les haïtiens (vie politique, sociale et économique, mécontentement ou revendication), il n’y a rien de mieux qu’un tap tap. |
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