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Te voilà de retour après ta première partie de mission, quel est le bilan à mi-parcours ?

J’ai donc passé quatre mois et demi au sein du Groupe Médialternatif et d’Alterpresse, l’agence de presse (alternative) en ligne du Groupe basé à Port au Prince, en Haïti. Mon travail a consisté à animer des réseaux entre Haïti et la France et à produire des articles pour les deux structures partenaires dans le projet, le Collectif Haiti de France et Alterpresse. Quatre mois sur le terrain c’est peu pour pouvoir tirer des conclusions...Simplement j’ai parfois trouvé que le postulat de l’agence s’éloignait de son objectif en se limitant à relater de l’actualité factuelle et de l’information éloignées de celles des mouvements sociaux. Cela peut s’expliquer par la rudesse de la tâche. Il ne faut pas oublier qu’ Haïti est un pays où la liberté d’expression est encore très fragile. Par ailleurs mes possibilités de déplacements étaient limitées et l’organisation des mouvements sociaux, comme force de proposition politique de contestation, en est à ses balbutiements, après des décennies de dictatures et d’instabilité politique.

Je me suis également impliquée dans le projet « Accompagnement des jeunes haïtiens dans l’appropriation des NTIC » soutenu par le Groupe Médialternatif. J’ai formé les animateurs du Télécentre des Jeunes à la maîtrise des outils informatiques avec une approche socio-éducative. L’ensemble de mon travail visait un objectif global : favoriser l’accès égalitaire à l’information et aux bénéfices que les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) peuvent apporter aux citoyens de par le monde.

Comment envisages-tu la deuxième partie de mission ?

Pour la deuxième partie de ma mission, je suis envoyée par Echanges et Partenariats à Rosario en Argentine au sein de l’association Nodo Tau. Je vais continuer à travailler au renforcement des mouvements sociaux par le biais des TIC et sur la thématique "médias alternatifs" ainsi qu’au développement de la solidarité internationale. Il s’agira de rencontrer, d’échanger et d’étudier comment les TIC et les médias alternatifs ont un impact sur les pratiques des mouvements de la société civile à Rosario et mettre en place des modalités de valorisation et de capitalisation pour échanger ces pratiques avec les acteurs du projet au Nord (Ritimo par exemple).

Au-delà de ta mission, aurais-tu des commentaires à nous faire partager ?

Mon expérience en Haïti m’a apporté de profondes satisfactions et également de grandes révoltes... Satisfaction en tant qu’expérience professionnelle : j’ai beaucoup appris durant cette période. Et satisfaction de la rencontre avec un pays et ses habitants.... Révolte devant les scènes d’extrême pauvreté, l’injustice criante dans un pays rongé par tous les maux. Révolte encore devant l’impuissance des instances internationales et des ONG si nombreuses dans le pays. J’ai même parfois pensé que leurs actions (non-coordonnées) desservaient Haïti plus qu’elles ne le servaient...