Valérie, quel est ton parcours ?

J’ai un long parcours universitaire qui a commencé avec Sciences Po, à Paris, où je me suis spécialisée dans les Relations Internationales et l’étude des pays en développement. Après mon diplôme, j’ai effectué un stage d’un an au siège de Médecins du Monde (MDM). J’y ai notamment organisé une conférence internationale sur le droit des populations dans la guerre. Par la suite j’ai fait le DESS Pratiques sociales du Développement à l’IEDES. J’ai effectué mon stage dans une ONG franco-vietnamienne pour laquelle j’ai réalisé une étude socio-économique de détermination des besoins dans la perspective de création d’un « village culturel » dans le centre du Vietnam. J’ai poursuivi avec un DEA de Recherches comparatives sur le Développement à l’EHESS, sur une analyse sociologique des projets d’ONG au Vietnam. L’étude de cas concernait un projet de MDM de soins de santé primaires en milieu montagnard, dont j’ai mené l’évaluation finale.

Paralèllement à cet intérêt pour les questions de développement, je me passionne pour l’Inde depuis longtemps. J’ai appris la langue hindi aux Langues’O et j’avais entrepris un doctorat de sociologie politique sur le régionalisme dans l’Himalaya indien qui m’a amenée à travailler sur les différentes problématiques du développement en Inde et à rencontrer de nombreux acteurs de la société civile. J’ai donc eu l’occasion de séjourner de nombreux mois dans ce pays où je continue à me rendre chaque année.

Quelle sera ta mission ? En quoi consistera ton travail ?

Je pars donc à Mumbai (nouveau nom de Bombay), en Inde, dans le cadre d’un partenariat franco-indien entre deux centres de documentation consacrés aux thématiques du développement et de la défense des droits économiques, sociaux et culturels. Il s’agit, en France, de Ritimo (réseau d’information spécialisé sur la solidarité internationale et le développement) et, en Inde, du CED (Centre for Education and Documentation) qui a deux centres, l’un à Mumbai, l’autre à Bangalore. Ces deux structures ont une expérience assez longue puisqu’elles existent depuis plus de 25 ans, d’où l’intérêt d’échanger sur les pratiques de ces centres de ressources qui collectent, produisent et diffusent de l’information et de l’analyse.

Pour le moment nous avons dégagé trois grands axes à cette mission, mais l’insertion concrète au CED et en Inde amènera sans doute de nouvelles perspectives. Tout d’abord je participerai à l’activité quotidienne du CED, qui emploie actuellement une vingtaine de personnes. Je prendrai le temps de comprendre leur fonctionnement : comment se fait l’accueil du public et la réponse aux demandes émanant d’activistes, étudiants, chercheurs, journalistes, quels sont les liens avec leurs partenaires, etc. Il s’agira également d’identifier parmi toutes les ressources du CED celles qui pourraient être partagées avec Ritimo, qui gère deux sites Internet de bases de fiches d’expériences (dph) et de données documentaires (Rinoceros), afin de valoriser le point de vue et les pratiques des acteurs d’Asie du Sud. Enfin, il y aura toute une partie exploratoire de recherche de nouveaux partenaires pour Ritimo.

Tu vas donc également travailler à l’extérieur de ta structure d’accueil ?

Oui, je vais être amenée à rencontrer d’autres acteurs et partenaires potentiels de Ritimo qui seraient intéressés par faire connaître leurs projets à l’international, diffuser les documents et informations qu’ils produisent et échanger sur leurs propres pratiques et analyses. Je partirai donc très certainement en missions ponctuelles dans la capitale Delhi mais aussi à Bangalore, Pune, etc.

Qu’attends-tu de cette mission ?

Pour moi qui ai développé un profond intérêt à la fois pour l’Inde et pour les difficiles questions de l’action de la société civile en faveur du développement et de l’appui aux groupes les plus défavorisés, cette mission s’annonce passionnante. Elle me permettra d’être en contact permanent avec l’activisme social indien, qui est particulièrement dynamique, tout en faisant le lien avec la France et l’ « Occident ». Je suis donc persuadée que cette mission sera riche en rencontres et expériences humaines et intellectuelles. Et qui sait, de nouvelles opportunités se présenteront peut-être pour poursuivre dans cette voie et pourquoi pas dans cet échange encore peu fréquent entre la France et l’Inde… ?