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Turquie / Exclusion urbaine /

Istanbul, réveille-toi, il faut lutter pour le droit à la ville !
29 novembre 2007 par Derya

D’un côté...au nom de la Culture ?

Une chose est claire ici ; les élus et les politiques détiennent tout pouvoir sur le projet urbain : la Municipalité de Fatih, la Mairie Métropolitaine d’Istanbul, l’agence pour le développement du logement (TOKI), l’Etat. Comment accélérer l’acquisition des maisons et des terrains pour la mairie ? L’Etat s’en charge : décision d’expropriation d’urgence. « Le prix proposé par la mairie ne te convient pas, un étranger viendra te trouver au sortir de ton entrevue à la mairie pour te faire une proposition plus généreuse. » Heureux hasard. Comment faire approuver le projet ? Le conseil de renouvellement urbain s’en chargera ? Des représentants de la municipalité et de l’agence pour le développement du logement siègent dans ce conseil. Tout va bien. (Et Vive la Neutralité !)
Nous sommes dans le meilleur des mondes à Istanbul. La participation des habitants ? Un événement comme « Istanbul Capitale Culturelle de l’Europe 2010 » accueille les habitants. La Culture va enfin faire participer les roms au projet ! Initiative louable impulsée par l’ONG Human Settlement Association. Mais participation et coopération réelle ? Symbolique ?
Merci l’Europe, merci la Culture. Si vous venez à Istanbul en 2010 pour la Biennale Internationale d’Art Contemporain ou pour la mosquée de Sainte-Sophie, vous pourrez peut-être vous dire, le temps d’une pause dans votre marathon à la Culture : « Tiens, pourquoi pas aller à Sulukule, le quartier tsigane d’Istanbul ! » Mais Sulukule n’est pas un « musée vivant » et ne doit pas devenir un « zoo ».
Le quartier de Sulukule. Pas un jour ne s’achève sans un micro, sans une télé, sans un coup de fil d’un journal. Heureusement cette campagne de médiatisation est là pour nous rappeler qu’il y a une lutte ici ! Oui, la vie suit tranquillement son cours. Les habitants sirotent leur thé, jouent aux cartes : pas de débat ni polémique sur ce que le quartier est en train de vivre. Le café s’anime lors de l’arrivée des quelques porte-parole du quartier ou du défilé des journalistes. Les porte-parole sont des « héros » : l’assistance se tait pour les écouter, acquiesce. Mobilisation médiatique. Mobilisation élitiste ? Mobilisation collective ?

De l’autre côté...pour le Droit des Minorités ?

On se réjouit. Les auditoires sont conquis. Les Roms d’Istanbul se font entendre. « Non au projet de renouvellement urbain proposé par la mairie ! » Ici. Ailleurs. Le droit de la population rom y est bafoué. Ce projet nie Tout. Culture. Passé. Identité. Manière de vivre.
Pourtant. Prudent il faut être. Avec la Réalité. Avec le Droit. Avec les Mots. User du droit des minorités ? Ultime recours pour sauver Istanbul, son patrimoine, son Histoire et ses habitants ? Dommage. Les métropoles du monde changent toutes de visages. Contre leur Histoire. Contre Elles-mêmes. Contre les plus Démunis. Seulement, dans des contextes différents. Les métropoles du monde ne délogent pas la Majorité ; la Majorité demeure Intouchable. Istanbul ? Pareil.
Les politiciens s’endorment chaque soir. A quoi pensent-ils ? À comment évincer les populations minoritaires hors des villes ? A comment s’enrichir avec des projets urbains ? Franchement. Que votre quartier Sulukule ait une Histoire même de mille ans, que vos ancêtres reposent dans le cimetière d’à côté depuis des décennies, les élus ne s’en contre fichent-ils, mes chers amis roms ? J’écoute.
Agir pour le droit des minorités ? Se battre au nom du droit des minorités ? Cette logique ne sépare-t-elle pas ? Cette logique divise, mais n’œuvre pas pour la Ville. Pour Istanbul. Son avenir. Ses habitants. Au contraire. Cette logique omet l’essentiel. Ce sur quoi il faut se battre. Car, pendant ce temps, les arrangements politico-mafieux continuent d’acheter la Ville, contre les plus Démunis, contre tous les Habitants Démunis. De toute origine. De tout groupe ethnique. Ici comme Ailleurs.
Oui, chers amis roms, il faut se battre pour le Droit de continuer à vivre dans votre quartier ! Ailleurs. Ici. Partout. Mais surtout Ici. Oui, chers istanbouliotes, il faut se battre pour votre ville ! Pour le Droit au Logement. Pour le Droit aux Services Urbains. Ailleurs. Ici. Partout. Mais surtout Ici.
Pour Vous. Pour vos Ancêtres. Pour vos Enfants. Pour Sulukule. Pour Istanbul. Pour cet Héritage. Pour cette Histoire de Mille Ans. Pour le Droit à la Ville. Sans folklore ni artifice.




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