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Portugal / Mobilisation citoyenne /

Ni bon, ni mal...
10 mars 2008 par Benoit

Depuis deux semaines, Les abri-bus lisboètes sont recouverts d’affiches vous glaçant le dos : des images pop-art d’un Salazar dandywarholisé.

Salazar was a pop lover

La première vague d’affiche annonçait la sortie d’une édition sur les « années Salazar », parrainé entre autre par le Correio da Manhã, journal que l’on peut classer à droite. Cette édition fonctionne sur le mode, un premier ouvrage pour rien et les suivants de plus en plus cher (vont-ils aller jusqu’à la révolution ?). Faire de Salazar une icône pop en 2008 est une idée particulièrement abjecte et à de quoi laisser quelques doutes sur la volonté réelle des éditeurs. En contre partie, l’absence de réaction dans l’opinion publique laisse supposer une acceptation passive de la société, donc tout va le mieux dans le meilleur des mondes.

L’affiche de la semaine dernière est encore plus équivoque : « Ni bon, ni mal, incontournable, collection les années de Salazar » avec l’image de Salazar sortant de voiture pour son arrivée au pouvoir… Imaginez un instant… Pétain et Vichy, Mussolini et le régime fasciste, Hitler et le nazisme ou encore Pinochet, Franco, Castello Branco, Pol Pot… un dictateur n’est ni bon, ni mal, juste incontournable… Le premier tome parle de l’ascension de Salazar…l’ascension d’un homme refusant le pouvoir mais qui, pour le bien de son pays, va sacrifier sa vie en le gouvernant de 1928 à 68… En France on appellerait cela du révisionnisme… ici de l’histoire… comme si la doctrine et la propagande officielle du régime recommençait tout doucement son œuvre de destruction des consciences que l’absence d’un discours anti-fasciste fort durant les vingt dernières années, n’a pas permis d’abattre. On en est là…

et le roi aussi !

Pour continuer dans ce doux sommeil des consciences, une exposition d’une vingtaine de panneaux se déroule actuellement sur la Place du commerce (lieu touristique mais aussi politique par la présence de ministères et d’administrations d’Etat), commémorant la mort de Dom Carlos 1er, assassiné par des républicains en 1908. Il est présenté comme un grand roi réformateur, lettré et garant d’une monarchie constitutionnelle. Sans critiquer l’étude historique, il conviendrait de relativiser cet hommage appuyé, organisé la Fundação D Manuel II. Il y a quelques semaines une manifestation royaliste s’est déroulée à Lisbonne avec pour thème le régicide. La posture royaliste au Portugal consiste à dire que, de la république incapable de se gouverner, naît le fascisme. Le régicide, l’élimination de ce « grand roi, constitutionnel » fut la cause de tout cela. A noter que le 10 mars aura lieu un débat sur la première chaine portugaise :Rei ou Presidente ? República ou Monarquia ?

La république actuelle connaît des difficultés…la solution est trouvée…ni bonne, ni mauvaise… incontournable…sorte de sébastiannisme des temps modernes… le roi ou Salazar… Le pays étant en déséquilibre constant, on ne peut que se méfier des sirènes réactionnaires…

pop art les années Salazar Incontournable

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vive le roi

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