Unidade habitacional de Santo António : Visite de l’unique centre de rétention du Portugal En attendant 2008-2009 et l’ouverture du deuxième centre de rétention à Lisbonne, le Portugal enferme les migrants en procès d’expulsion dans le centre de Porto. Créé en 2006, il fait partie de la politique portugaise d’adaptation des directives européennes (loi de 2005). Auparavant, les citoyens étrangers avaient le droit à la prison préventive. Je suis accueilli le 11 février par la responsable du centre de Porto, la responsables des centres au Portugal ainsi que la salariée du Service Jésuite qui a une permanence dans le centre. La visite a lieu quelques semaines après les expulsions des marocains. Bien que ma demande fut faite durant cette période, il m’a fallut attendre un retour à une situation normale pour pouvoir recevoir une réponse positive. Le centre fonctionnait en forteresse avec des autorisations au compte goutte. J’arrive donc au centre du SEF, c’est une situation étrange que d’entrer dans un lieu tant décrié pendant plusieurs semaines. Me voilà donc dans ce qui avait été decrit comme une colonie de vacances par une des avocates. Mes GO se forcent à me parler en français, je parle en Portugais. Les jolies colonies de vacancesDans ce centre sont enfermées des personnes sur ordre du juge. Cette enferment n’étant pas automatique, le centre n’est que rarement rempli. Il y a cependant une dizaine de personne détenues en permanence pour une durée moyenne de 18 jours en 2006 et 23 jours en 2007 (cette augmentation est due aux difficultés rencontrées dans la reconnaissance, par le pays d’origine, de la nationalité des migrants enfermés). La majorité des personnes sont brésiliennes, puis du Maghreb (Maroc) via l’Espagne et enfin de l’Europe de l’est (chiffre en diminution depuis l’entrée de la Roumanie dans l’UE, le pays n’ayant pas d’accord de quotas). Il y a 30 lits adultes et 6 enfants au cas où le nombre est dépassé, les personnes sont envoyées dans le CIT de Lisbonne. Le personnel centre est composé de 5 personnels du SEF, 1 salariée du Service Jésuite, 1 agent de police et 11 personnels d’une compagnie de sécurité privée (la même que rencontrée dans le CIT de Lisbonne). des adolescents aux migrantsLe centre est une ancienne structure "éducationnelle" pour enfants et adolescents "difficiles", un terrain de basket trône au-dehors. Je commence ma visite par le rez-de-chaussé et la salle de jeux pour enfant, avec des jouets et deux lits pour y faire la sieste. Cependant cette salle ne fonctionne pas beaucoup, il n’y a pas beaucoup de familles avec leurs enfants enfermés dans le centre et les enfants isolés ne sont pas admis. Je passe ensuite dans la salle des Médecins du Monde qui passe ici chaque mardi pour donner des soins. On me fait la démonstration du lavabo spéciale médecin (qu’on ouvre avec le coude) en me signalant que la salle contient tout ce qu’il faut pour un service de santé de base, à la demande de Médecins du Monde. Je continue en visitant l’espace commun avec une télévision et un DVD et une mini-mini-mini bibliothèque mulitlingue. Je continue par le patio, au centre de l’édifice, qui est le seul espace fumeur du centre (me dit-on avec fierté). Il y a une table de ping-pong et des personnes à fumer... Trois jeunes marocains parlant avec membre du Centro Cultural Islâmico de Porto qui vient souvent apporter un appui religieux et psychologique dans le centre. Une petite salle fermée sert de lieu de gymnastique mais personnes n’assure cette activité en ce moment. Je passe par la salle des repas. Une entreprise de restauration vient livrer des repas 2 fois par jour et assure en tout cinq réfections. Il y a trois choix de repas (viande, poisson, autre). La cantine, hors des heures de repas, sert de salle de visite. Celle-ci ne font pas l’objet de restriction a priori mais sont visées pas la responsable du centre. La directrice me dit cependant qu’ils ne conseillent pas aux personnes sans-papiers de venir visiter leurs amis dans le centre...question d’étique... Je passe aussi par la salle de stockage des kits de drap et d’hygiène. Le fonctionnement est identique que dans le CIT de Lisbonne, à l’exception des kits d’hygiène qui ne sont remis que si les personnes n’ont rien du tout. Après un entretien avec une avocate brésilienne, je me prends à douter très fortement des conditions d’enfermement du CIT de Lisbonne, où les kits ne sont pas remis, les pressions pour signer des papiers d’expulsion immédiate sont une constante et où l’arbitraire des inspecteurs du SEF bat son plein. Par ailleurs, la constitution d’une association d’avocat travail sur ce thème est lancée. Je monte ensuite visiter les deux étages, le premier est pour les femmes et le second pour les hommes. Il y 12 chambre individuelles avec des sanitaires collectifs ainsi qu’une chambre pour les familles (2 lits superposés et un petit lit enfant) avec des sanitaires individuelles. Les chambres ressemblent à des chambres universitaires, 9 mètre carré, un lit, un bureau et penderie. Les fenêtres sont recouvertes d’un plastique filtrant ne permettant pas de voir au-dehors. Une petite partie au-dessus peut s’ouvrir mais un plateau en fer empêche qu’on y passe plus que la main. A chaque étage un personnel de sécurité est là en permanence. Les chambres sont inaccessibles entre midi et deux pour le nettoyage. Il n’a pas de salle d’enfermement mais deux chambres ont des fermetures renforcées pour les cas plus difficiles. Entre charité et répression...le Portugal...En discutant avec les inspectrices du SEF, on m’explique que le Portugal préfère faire des petits centres, plus faciles à gérer et éviter ainsi les eccueils des centres français, espagnols ou italiens. Le futur centre de Lisbonne ne sera pas beaucoup plus grand. En toile de fond, il y a une réalité plus financière, le Portugal n’a pas les moyens de mener une politique d’enfermement et de reconduite à la frontière à grande échelle. Dans ce centre, il n’y a pas d’avocat commis d’office, seul les mineurs de moins de 21 ans ont droit à une défense gratuite. Pour les autres, ils doivent payer un avocat. Les inspecteurs chargés des procès se trouvent dans un bâtiment à côté, c’est plus commode. Les procès ne sortent donc jamais de ces murs, si ce n’est pour la décision administrative finale du directeur du SEF. On comprend mieux alors que les avocats de certains des 23 marocains n’aient rien vu du procès d’expulsion et n’aient même pas été informés de la décision. J’ai continué ensuite la visite par un entretien avec la salariée du Service Jésuite qui dispose d’un bureau dans le centre. Elle travaille, en coopération avec le SEF, pour apporter un soutien psychologique (c’est sa formation), religieux et juridique. Pour ce dernier le Service Jésuite est en lien avec un cabinet d’avocat qui peuvent, sur demande, fournir des conseils juridiques. Elle coordonne les interventions extérieures des associations (Centre Culturel Islamique de Porto, les associations chinoise, russe, etc.). Ces associations aident souvent pour la traduction car les interprètes ne sont pas souvent dans le centre. Il y a des échanges avec l’Escola Superior Artística Do Porto, le STPAS local et l’Université Catholique de Porto pour mettre en place des interventions, faire intervenir des stagiaires, etc. Pour l’appui religieux, quatre élèves de l’Université Catholique s’occupent du service communautaire. Elle va aussi faire des achats groupés pour les personnes (cigarettes principalement, nourritures, produits d’hygiène, etc). Elle gère aussi les demandes pour les visites médicales. Son rôle se compare un peu à celui d’une intendante générale. Elle me montre des photographies des fêtes organisées pendant la présence des 23 marocains. Elle est restée trés marquée par ce groupe restés 40 jours. Le deuxième partenaire du centre est l’IOM - International Organization for Migration, qui offre plutôt des conseil sur l’immigration légale, des formations pour le personnel mais il ne tient pas de rôle important dans le vie du site. On peut aussi remettre en cause l’éthique du papier distribué dans 9 langues qui informe sur la procédure pour venir légalement au Portugal, sachant que les personnes sont en procédure d’expulsion. Je ressort du centre du centre avec la même impression, la charité "chrétienne" au service de la répression ou comment se donner bonne conscience tout en expulsant. Pour vous faire comprendre ce sentiment, vous pouvez aller voir la vidéo du noël du SEF 2006, no comment... |
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