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Belgique / Droit des étrangers /

Sur la route de l’exil : Kosovo... Belgique 2
29 février 2008 par Diane

Zoran et Svetlana sont d’origine Gorani, une minorité serbe du Kosovo. En 1999, au moment du conflit, considérés comme des Albanais par les Serbes, ils ont fui en Bosnie. Un an et quatre mois plus tard, ils sont revenus au Kosovo, mais persécutés en raison de leur origine ethnique, ils ont décidé de partir en Europe, en quête d’une protection.

Leur choix s’est arrêté au Danemark, d’une part, parce qu’ils y avaient de la famille, des connaissances, et d’autre part, parce qu’on leur avait dit qu’il était plus facile d’obtenir le statut de réfugié là-bas.

Au Danemark et en Norvège...

Zoran est parti seul en septembre 2000, 20 jours ont été nécessaires pour qu’il arrive à destination. Sa femme, Svetlana, l’a rejoint en décembre 2001. Ils ont tous les deux demandé l’asile. Pendant le temps du traitement de leur demande d’asile, ils ont été hébergés dans des centres d’accueil pour réfugiés. En deux ans, ils ont changé 7 à 8 fois de centre. Ces changements répondaient à une logique d’optimisation de l’occupation des centres, vu la baisse du nombre de demandeurs d’asile, il s’agissait de vider les centres pour les fermer.

Zoran et Svetlana n’ont pas été aidés dans leur procédure d’asile. Dans les centres, il y avait bien des assistants sociaux, mais ces derniers étaient très peu nombreux (1 pour 100 demandeurs d’asile) et donc très peu disponibles. Les assistants sociaux donnaient des informations générales et aidaient les personnes en cas d’urgence (pour un recours par exemple), en revanche, ils n’aidaient pas les personnes à préparer leur interview. Zoran et Svetlana ont eu un avocat désigné mais ce dernier ne tenait pas compte des éléments qu’ils apportaient concernant leur récit d’asile, il ne les a mentionnés à aucun moment. Ils se sont sentis très isolés à cette époque.

Au final, Zoran a reçu une troisième décision négative à sa demande d’asile en décembre 2003. Cette décision n’était pas accompagnée d’un ordre de quitter le territoire mais elle lui a été notifiée par la police qui s’est déplacée avec des chiens jusqu’au centre et qui lui a demandé de signer les documents pour le rapatriement volontaire. Zoran a toujours refusé de signer ces documents, et la police revenait à la charge tous les jours. Svetlana ne supportait plus cette présence policière, elle avait beaucoup de difficultés à s’adapter. De plus, elle souffrait d’une grande fatigue psychique, et tous ces éléments ne l’aidaient pas à améliorer son état de santé. Au contraire, il se dégradait de jour en jour, d’autant plus que l’accès aux soins était quasi inexistant. En effet, pour obtenir un rendez-vous chez le médecin, il fallait adresser une demande à l’instance administrative responsable du traitement de leur demande d’asile, c’est cette instance qui accordait ou non l’autorisation d’aller chez le médecin et qui décidait du nombre de rendez-vous chez ce dernier !

Tout cela les a conduits à partir pour la Norvège. Le choix de la Norvège s’est fait pour des raisons de facilité. En effet, le centre d’accueil où ils étaient hébergés se trouvait à Frederikshavn, ville portuaire, dans le nord du Danemark, d’où partent de nombreux bateaux à destination de la Norvège. Ils ont donc acheté les billets et ont pris le bateau en décembre 2003.

... des conditions d’accueil dissuasives

Arrivés en Norvège, ils ont demandé l’asile, ils ont été hébergés en logement individuel le temps du traitement de leur demande. L’avocat qui leur a été désigné n’a pas estimé utile de préparer l’interview, il ne leur a même pas demandé de raconter leur histoire ou posé de questions. En effet, cet avocat était persuadé qu’ils seraient renvoyés au Danemark sur la base de la Convention Dublin, ce qui n’a pas été le cas. Ce manque de préparation a été très dommageable, puisque Svetlana et Zoran se sont présentés à l’interview en croyant qu’ils seraient renvoyés au Danemark dans les jours suivants. Ils n’ont donc pas répondu aux questions de manière précise. Treize jours plus tard, ils ont reçu une première décision négative. Ils ont formé un recours. Ce dernier n’a pas abouti, et on leur a délivré un ordre de quitter le territoire dans les deux semaines en mars 2005. Ne voulant pas être rapatriés par les forces de l’ordre à Pristina, ils ont préféré rentrer au Kosovo par leurs propres moyens. Svetlana ne voulait pas du tout rentrer, mais à ce moment là, le retour était la seule solution possible. Ils savaient aussi qu’avec le Règlement Dublin II, il était quasiment impossible de demander l’asile dans un autre pays de l’union européenne.

De retour au Kosovo, ils ont de nouveau été victimes de persécutions en raison de leur origine. Le fait d’avoir demandé l’asile était mal perçu, ce qui compliquait encore les choses. Ils ont donc décidé de repartir en Europe, en Belgique cette fois-ci. La Belgique s’est trouvée être le seul compromis réunissant les deux conditions essentielles pour eux : un éloignement suffisant du Kosovo et un coût qui rentrait dans leurs moyens.

En Belgique, un peu plus d’humanité

Ils sont arrivés en Belgique en mai 2005 et se sont présentés à l’Office des étrangers pour introduire leur demande d’asile. Dès le départ, la Belgique a voulu les renvoyer en Norvège sur la base du Règlement Dublin II. Zoran et Svetlana ont été très soutenus par l’assistant social de leur centre d’accueil, Svetlana a pu avoir un suivi médical. C’est en se basant sur l’état de santé de Svetlana qu’ils ont réussi à retarder leur renvoi vers la Norvège. De cette manière, la Belgique a dépassé le délai prévu pour les transférer, elle a dû se déclarer responsable de leur demande. Aujourd’hui, Zoran et Svetlana attendent la décision concernant leur demande d’asile. Ils sont hébergés en logement individuel, ce qui est loin d’être le cas pour la majorité des demandeurs d’asile en Belgique, ils reçoivent par ailleurs une aide financière conséquente. Svetlana se sent mieux en Belgique. Tous deux ne regrettent pas d’avoir choisi ce pays, ils y ont trouvé un peu plus d’humanité.




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