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Belgique / Droit des étrangers /

A Zeebrugge, quelle situation pour les exilés ?
18 février 2008 par Diane

Pour mieux comprendre la situation des exilés sur la côte belge, ces étrangers afghans, irakiens, iraniens, érythréens, soudanais... qui errent de Cherbourg à Rotterdam depuis la fermeture de Sangatte, j’ai demandé à rencontrer la police maritime de Zeebrugge. En effet, toutes les personnes et associations que j’ai pu interroger sur la question m’avaient orientée vers la police maritime de ce port. Un rendez-vous a donc été pris pour le 5 février 2008 avec Vicky Van Geel, inspectrice principale.

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Le port de Zeebrugge

Dès mon arrivée au poste de la police maritime, je suis tombée quasiment nez à nez sur des exilés. Malheureusement, nous nous sommes seulement croisés, moi entrant dans le poste et eux en étant libérés. Ce jour là, 12 personnes ont été arrêtées, dont 3 mineurs afghans, un père et son fils de 7 ans.

Plus nombreux, oui... mais invisibles

Vicky Van Geel me dresse un rapide portrait de la situation à Zeebrugge. Elle m’explique que les exilés ne restent pas sur place comme à Calais, qu’ils sont très mobiles. Après la fermeture de Sangatte, il y a bien eu des "safe houses", autrement dit des squats dans des maisons mais ils ont tous été fermés. En 2003, les exilés avaient également occupé l’église de Zeebrugge, la population avait été très solidaire, apportant des vivres, des couvertures et des vêtements. La police a reçu l’ordre de les en déloger. En effet, dès que leur présence devient trop visible, la police envoie un "signale fort" pour dissuader les exilés de rester là et de revenir. Dans la même idée, 14 Afghans restés un peu trop longtemps dans les dunes de Zeebrugge ont été arrêtés et placés en centre fermé en juin dernier.

Vicky Van Geel explique qu’une autre raison pour laquelle les exilés ne restent pas longtemps sur place est qu’il n’y a pas d’association à Zeebrugge s’intéressant à leur situation. Ces derniers n’ont donc aucune aide humanitaire ou juridique.

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Un "campement" dans les dunes

A ce jour, je n’ai pas encore rencontré les exilés. A part, peut-être, quelques traces de leur passage, ils demeurent invisibles. Pourtant, selon la police maritime, avec le renforcement des contrôles en France, les exilés sont plus nombreux ces derniers temps à tenter leur chance pour l’Angleterre depuis les ports belges.

"Nous ne faisons pas la chasse aux illégaux"

La police maritime se défend de faire la chasse aux exilés, elle essaye d’agir avec le plus d’humanité possible. Depuis la découverte à Douvres, en 2000, de 58 Chinois morts dans un conteneur provenant de Zeebrugge, la police maritime considère les exilés comme des victimes, pour elle, les criminels sont les passeurs.

Lorsque les exilés sont interceptés, ils ne sont pas menottés. Ils sont conduits au poste où ils sont, dans un premier temps, fouillés. Ils remplissent ensuite un questionnaire, disponible en 40 langues différentes. Ce questionnaire est destiné au Procureur, les questions portent sur leur itinéraire, les moyens empruntés pour voyager, etc... Puis leurs empreintes sont prises, et leur iris photographié. Ils reçoivent à manger et à boire, ils ont également la possibilité de se laver et de se reposer. Ils ne sont à aucun moment enfermés dans des cellules. L’office des Etrangers décide de leur placement ou non en centre fermé, la décision est prise en fonction de la nationalité de la personne (possibilité ou non de la renvoyer dans son pays d’origine) et de la place disponible dans les centres. La plupart du temps, les exilés sont libérés avec un ordre de quitter le territoire belge. Ils restent, en moyenne, entre 4 et 6 heures au poste de la police maritime. Une fois libérés, ils retentent leur chance à Zeebrugge ou ailleurs.

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Scanner pour les camions

A Zeebrugge, les exilés arrêtés seraient majoritairement Afghans et Indiens. En revanche, à Oostende, ils seraient plutôt Algériens, Marocains et Tunisiens. Pour ces deux ports confondus, il y aurait une centaine d’arrestations par mois, dont 20% de MENA (mineurs étrangers non accompagnés). Les MENA interceptés sont orientés vers le service des tutelles.

En général, les exilés sont signalés à la police maritime par les firmes de transport qui les découvrent lors de leurs propres contrôles. Cependant, la police maritime de Zeebrugge effectue également des patrouilles et arrête les exilés lorsqu’ils tentent de pénétrer sur les quais d’embarquement. Elle dispose, par ailleurs, de plusieurs moyens de contrôle : un scanner et trois chiens. Le scanner permet de contrôler une soixantaine de camions par jour, ce qui est en soit très limité.

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Contrôle des camions avec un chien

Jorn Claeys, maître chien de la police maritime, effectue des contrôles quotidiens des camions se trouvant sur les quais d’embarquement des firmes de transport. Il m’a proposé de revenir le jeudi 7 février pour l’accompagner lors d’un de ces contrôles, j’ai accepté. Pour lui, le contrôle avec des chiens n’est pas destiné à effrayer les exilés mais seulement à les repérer. En prenant des chiens de chasse, il a cherché à minimiser le plus possible le risque "d’accidents". Il n’était pas utile, selon lui, de prendre des gros chiens, type berger allemand.

Jorn Claeys m’emmène donc sur le quai d’embarquement d’une des firmes de transport. Les camions contrôlés doivent embarquer pour Hull, Angleterre. Le chien n’a besoin que de 3 secondes pour contrôler un camion, c’est très efficace... Heureusement, ce jour-là, il n’y avait pas d’exilés dans ces camions !




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