Visite mouvementée dans le quartier rom d’Istanbul Le samedi 9 février, Joost Lagendijk, député au Parlement Européen (groupe des Verts) rend visite au quartier rom d’Istanbul avec son conseiller Ali Yurttagül. Cette visite fait suite à la conférence « Istanbul face aux projets de renouvellement urbain. Le cas du quartier de Sulukule dans la péninsule historique » au Parlement Européen en novembre dernier. On entend la visite des invités européens au café, où l’association pour la solidarité et le développement de la culture rom de Sulukule a élu domicile. Le directeur de Human Settlement Association, Korhan Gümüş et quelques militants de la plateforme de Sulukule s’affairent au côté de quelques journalistes. Le programme des invités est chargé : le matin rencontre avec l’association et visite du quartier, l’après-midi rencontre avec la mairie. La conférence de presse démarre dans les temps. Le café est rempli pour l’événement. Joost Lagendijk parle devant les caméras, alors que l’incident marque le début des querelles : l’entrée abrupte et impoli du maire de l’arrondissement de Fatih, Mustafa Demir. Sa présence n’est pas voulue par la plateforme de Sulukule, qui le fait savoir de manière houleuse devant les caméras. Le maire ridiculisé est contraint de quitter les lieux. La visite du quartier se déroule avec la plateforme et les habitants entourés par les journalistes, les caméramans et les photographes. Suite au départ du maire, Mustafa Çiftçi, chargé du projet de Sulukule, le remplace et accompagne la délégation. Les membres de l’association initiée par la mairie envahissent la troupe, font des remarques arrogantes, contredisent les interventions et les propos des militants de la plateforme. La tension est à son apogée devant la maison d’Asım Hallaç, un des rares habitants à montrer son opposition au projet de la mairie et à mener cette lutte pour son quartier. Très malade depuis deux semaines, les invités européens guidés par quelques membres de la plateforme et quelques caméras lui rendent visite chez lui et l’écoutent. Quelques accrochages verbaux ont lieu devant sa fenêtre entre les membres de la plateforme et les autres habitants « achetés par la mairie ». Asım Hallaç ne supporte pas cette scène et sort à la fenêtre –criant avec une voix affaiblie : « Qu’est-ce-que vous faites là ? Vous n’avez rien à faire ici ! C’est vous qui avez vendu le quartier ! » La visite se poursuit sans heurts. Les architectes de la plateforme, Korhan Gümüş et Aslı Kıyak Ingin, racontent les évolutions depuis novembre jusqu’à aujourd’hui (échec de la mise en place de la commission à multiples acteurs, stratégies de la mairie...) et montrent les dernières destructions. La promenade se termine vers 12h 30. Joost Lagendijk s’exprime à nouveau devant les caméras à la fin de la visite : « J’ai l’impression que les erreurs faites en Europe sont aussi courantes ici. Ce type de problèmes et d’erreurs n’est pas propre à la Turquie, à Istanbul, au quartier de Fatih. [...] Nous ne sommes pas là pour dire comment faire. » Pour le député, il faut que la mairie instaure une relation de confiance avec les habitants et qu’elle révise le projet avec eux. Il n’existe pas de solution toute faite. Le président de l’association rom de Sulukule, Şükrü Pündük, réfute la dimension sociale du projet de la mairie. On assiste à un déplacement contraint par le projet, qui a exclu toute démarche de de participation des habitants du quartier. Il répète encore une fois ici que ces habitants vont venir s’abriter sous des tentes aux abords des murailles, car ils n’auront pas pu payer les mensualités des logements prévus dans le site de relogement à 40 km. La délégation européenne, la plateforme de Sulukule et quelques habitants sont invités par la mairie de Fatih pour le déjeuner. Après leur départ, le quartier retrouve son calme. Ce que l’on retient de cette matinée, c’est que la plateforme a gagné la bataille médiatique contre la mairie ! Et l’anecdote ? Le maire de Fatih a demandé à son conseiller de presse de prier les chaînes télévisées (en particulier CNN türk et NTV) de ne pas diffuser la conférence et son départ exigé... |
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