« L’ONU met le Brésil dans le club des pays développés » : bonne ou mauvaise nouvelle ? Le 28 novembre 2007, une actualité faisait la une des journaux brésiliens. Le titre le plus sensationnel revient sûrement au quotidien O Globo : « L’ONU met le Brésil dans le club des pays développés ». Si cette annonce est en apparence une bonne nouvelle, quel regard poser sur ces 62 millions de brésiliens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Quelles seront les conséquences d’une telle annonce sur les fonds attribués au développement au Brésil ? Le développement humain du Brésil serait « élevé »…Comment calculer le développement humain ? Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) le calcule avec son Indicateur de Développement Humain, plus connu par son sigle IDH. Il a pour objectif de mesurer le niveau de développement des pays, sans en rester simplement à leur poids économique mesuré par le Produit Intérieur Brut (PIB). Il intègre donc des données plus qualitatives comme le niveau d’instruction. Les derniers chiffres publiés par l’ONU montre que le Brésil a un IDH qui le classe, pour la première fois, dans les pays avec un développement humain « élevé » même s’il est classé au 70ème rang mondial. Comment ne pas rentrer alors dans une guerre des chiffres ? 70ème rang mondial pour le développement humain mais 9ème puissance économique mondiale. Deux chiffres qui expliquent pourquoi on parle souvent du Brésil comme le pays le plus inégalitaire du monde. Sur 180 millions de brésiliens, 62 millions vivent avec moins de 1,5 $ par jour dont 26 avec moins de 0,7 $ par jour, le prix d’un ticket de bus au Brésil. Dans une société brésilienne « inégalitaire »Comment peut-on parler d’un développement humain élevé ? 62 millions de « pauvres », l’équivalent de la population de la France. Ils sont là, dans les favelas, dans la rue à dormir sur des bouts de cartons, à faire les poubelles au petit matin pour collecter tout ce qui est recyclable sans compter tous ceux que je ne vois pas. Car si les inégalités sont visibles à l’échelle de Rio, elles le sont paraît-il à l’échelle du pays. Le Nord du pays appelé « Nordeste » serait le « Brésil pauvre » comme le disent les brésiliens eux-mêmes. C’est ce qui explique ces mouvements migratoires importants au sein du Brésil. Beaucoup de brésiliens du nord viennent gonfler le nombre d’habitants des favelas, en quête d’une vie meilleure, dans l’espoir de trouver un travail dans le « Brésil riche ». Mais ils sont là aussi les 10% les plus riches qui bénéficient de 45% du revenu total. Et si le développement humain augmente au Brésil, il ne traduit en rien les inégalités criantes du pays. Le Brésil est « un pays injuste plutôt qu’un pays pauvre », comme le dit l’ancien président de la République brésilienne, Fernando Henrique Cardoso. Quelles conséquences cette annonce peut-elle avoir sur les ONG de développement ?J’essaye de me mettre dans la tête d’un financeur. Je ne connais pas nécessairement bien le Brésil et j’apprends que le Brésil, selon l’ONU, vient d’entrer dans la liste des pays avec un développement humain élevé. Qu’est-ce que je fais ? Je crois simplement que je retire de ma liste de bénéficiaires les ONG du Brésil, tant d’associations de pays différents ayant besoin de soutien financier. Pourtant, l’aide que le Brésil reçoit est une nécessité pour un tiers des brésiliens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Alors, je crois que cette annonce m’inquiète bien plus qu’elle me ravi. Je ne sais pas si ce sera plus difficile pour les ONG de travailler au Brésil. Peut-être pas. Mais dans la course aux financements que connaissent toutes les ONG, c’est une annonce qui pourrait être déterminante. Que le Brésil ne soit plus une zone prioritaire d’intervention. Si c’est le cas, les pouvoirs publics et le secteur privé prendront-ils le relais ?…Ça, c’est une autre histoire ! |
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