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Turquie / Exclusion urbaine /

İnquiétude et protocole à İstanbul : quelles stratégies pour le quartier rom ?
30 novembre 2007 par Derya

Dans le cadre de l’événement « Istanbul Capitale Culturelle de l’Europe 2010 », le quartier rom de Sulukule est au coeur de l’actualité, d’autant plus que le projet de renouvellement urbain mené par la mairie de l’arrondissement de Fatih menace le patrimoine de Sulukule et fragmente une communauté en délogeant ses habitants. Avec de nombreux acteurs, le Comité de direction d’« İstanbul Capitale Culturelle de l’Europe 2010 » veut élaborer un nouveau projet pour ce quartier en impulsant des dynamiques innovantes...

Accord ou désaccord ?

Au début du mois, le 6 novembre, un accord est conclu verbalement entre divers acteurs institutionnels et de la société civile (maire de l’arrondissement de Fatih, représentants du conseil de renouvellement urbain, du Comité d’İstanbul 2010, association de quartier de Sulukule, Human Settlement Association, plateforme de Sulukule...) pour mettre en place un protocole pour la création d’une commission à multiples acteurs. L’agenda de cette commission : revoir le projet de la mairie de Fatih et en proposer un autre. Ce nouveau projet a pour but de maintenir les habitants dans le quartier, protéger l’héritage architectural, favoriser l’intégration économique du quartier et répondre aux besoins des habitants (santé, éducation, services sociaux). Ceci dans une démarche de participation, de concertation et de décision avec l’ensemble des acteurs.
Le 23 novembre a lieu à la mairie de Fatih la présentation de ce protocole (élaboré par la plateforme de Sulukule et le Comité 2010) pour faire les premiers pas vers sa signature. Divergences d’intérêts éclatent au grand jour : la mairie ne veut pas renoncer à son projet et considère que le rôle de cette commission doit se concentrer sur les conséquences de ce projet sur les habitants après leur relogement. La plateforme de Sulukule tente de convaincre qu’on ne peut pas agir séparément de ce projet et qu’il est impératif d’en faire un nouveau pour éviter les impacts négatifs sur les habitants (en particulier économiques et sociaux). Les logiques sont totalement inversées. Avec diplomatie, le conseil de renouvellement urbain arbitre la réunion et amène à une sorte de consensus en insistant sur la question de la confiance à établir entre tous les partenaires et sur le fait que ce projet ne doit pas créer de répercussions négatives sur les habitants.
Un nouveau rendez-vous est pris pour le 30 novembre pour réviser le protocole, inclure de nouveaux partenaires et définir les responsabilités de chacun.

Inquiétude et urgence

Or, depuis le 2 novembre, ce projet de la mairie est validé par le conseil de renouvellement urbain. İl doit encore passer à la mairie de Fatih, puis au tribunal -ultime étape- pour obtenir les décisions d’expropriation (si besoin). En clair, autour de la mi-janvier, les habitants peuvent recevoir les lettres d’expropriation sur ordre du tribunal. A cette date, ils auront un délai d’un mois pour faire appel. La situation est tendue et urgente. La signature du protocole est vraiment pressante pour initier un nouveau projet. Or, en début de semaine (26 novembre), on apprend que la mairie reporte cette réunion au 7 décembre. La mairie tente-t-elle de gagner du temps pour mener son projet et suivre ses intentions initiales ? Or, on apprend de surcroît que la mairie prévoit la visite du site de relogement ce dimanche 2 décembre avec les locataires du quartier -sans parler des rumeurs de tirage au sort pour l’attribution des logements (4 décembre). Le projet de la mairie avance donc petit à petit malgré la négociation pour le protocole et pour la révision du projet. Elle évince officieusement les plus vulnérables, les locataires, pour avoir le champ libre pour son plan d’action.

İmpasse ?

27 novembre : réunion d’urgence parmi les partenaires. Quelle stratégie à mettre en oeuvre ? Comment sauver le protocole ? En Europe : solliciter l’aide de Bruxelles et le groupe des Verts en bon terme avec la mairie de Fatih ? Prévenir l’UNESCO ? En Turquie : faire appel au préfet ? au Ministère du Tourisme et de la Culture ? aux médias ? En attendant, on révise le protocole (interdiction de toute décision d’expropriation, de tout tirage au sort pour les logements pendant le projet), on ajoute des nouveaux partenaires. L’association de quartier de Sulukule doit mettre en garde les locataires. Car, la quasi-majorité d’entre eux est incapable de payer les mensualités pour devenir propriétaire dans 15 ans de son logement. İl faut rester ferme et montrer sa volonté de ne pas quitter son quartier. Combien d’entre eux auront cette force, lorsque la menace d’être sans toit pèse sur eux ?
Or, hier (29 novembre), 225 locataires (sur 427) sont allés à la mairie pour postuler pour ces logements. Ce nombre peut encore augmenter. Les quelques résistants au projet ont le coeur serré au café du quartier. Que cherche-t-on à sauver à présent ? la vie d’un quartier ? Non. Le droit au logement ? Peut-être. Le droit de vivre des quelques résistants dans leur quartier ? Oui. Ce dimanche 2 décembre, le jour où les habitants de Sulukule vont découvrir en grandeur nature leur nouveau logement (possible) à 40 km de leur quartier, les bénévoles de Human Settlement Association vont se lancer dans une vaste campagne d’affichage à travers la ville...Actualité à suivre !




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