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Espagne / Exclusion urbaine /

La Barceloneta, un quartier ancien sous spéculation immobilière
28 novembre 2007 par Leila

Ciutat Vella ; La Barceloneta, quartier situé au sud est de Barcelone, créé au 18° siècle(1753) par un général fut tout d’abord un quartier sous juridiction militaire, il représente, sur le plan architectural, un des exemples de l’urbanisme baroque espagnol.

Il est situé tout près de la mer. Y logent essentiellement des familles de pêcheurs, des marins et des ouvriers qui avaient été déjà délogés suite a la construction de la Citadelle . C’est un quartier typique avec de petites rues très étroites et de petites maisons basses dont le nombre croîtra au fil des années en raison de l’absence de contrôle des constructions qui se développeront de façon assez anarchique comme la plupart des quartiers populaires, cette densité du bâti explique l’aspect sombre des rues et leur étroitesse. les vêtements pendent donc aux fenêtres ce qui s’ajoute au charme du quartier ; les salles de bain sont inexistantes ou très exiguës et les toilettes sont souvent communes à plusieurs familles.

Ces maisons ont presque toutes été divisées en deux, "casa de mitges" (8.40/8.40m), puis en quatre, "casa de quartz" (4.20/8.40m). Les escaliers, tout comme le reste, sont particulièrement étroits. Les casa de quartz sont au nombre d’environ 5500 dans ce quartier et la superficie de chacune d’entre elles est d’à peu près 28m2 ; ces casa de quartz, pour la plupart, sont occupées par des familles nombreuses.

L’alibi des ascenseurs

Barcelone subit un mouvement intense de spéculation immobilière, particulièrement depuis les Jeux Olympiques de 1992. La cité est en constante rénovation urbaine, souvent au prix de délogements et d’expulsions. Ainsi, pour le quartier de La Barceloneta, la mairie a lancé depuis deux ans un projet appelé par les habitants "le plan des ascenseurs". Ce projet crée chaque fois plus de polémiques et d’incompréhensions. Il consisterait à mettre un ascenseur dans ces cages d’escaliers minuscules, alors que les structures du bâti ne le permettent pas. Cela enclencherait une démolition de toute une partie de ce bâti sans prise en compte du patrimoine socio-urbain historique du quartier. Le motif/ alibi invoqué est que 22% des habitants sont des personnes âgées qui ont besoin de ces ascenseurs, mais elles-mêmes, pour la plupart, ne sont pas d’accord. Elles préfèrent continuer à monter et descendre leurs escaliers, plutôt que quitter leur maison et ce quartier-village de toute leur vie et " s’installer à Barcelone". Plus de 1000 familles devraient ainsi être expulsées . Les conséquences sociale, culturelles et économiques de ces démolitions sont passées sous silence : logement provisoire ou définitif pour les habitants expulsés ? avec des promesses de relogement, à quelle échéance ? de quelle qualité ? à quel prix et où ?

La défense des habitants et de leurs droits

Le système juridique est très complexe, ce qui rend la défense des habitants délicate à conduire. Et de fait, les gens ne sont pas ou peu au courant de leurs droits. Rien au niveau administratif , rien du côté des pouvoirs publics n’est mis en place pour les protéger alors qu’il subissent l’énorme stress de savoir qu’ils peuvent être expulsés d’un jour à l’autre. Les mouvements de spéculation entraînent parallèlement des pressions de certains investisseurs sur les habitants actuels et locataires (mobing immobilier), allant jusqu’à lancer certains travaux sans même respecter les étapes administratives et légales(permis de construire, etc.). Il faut savoir que certains habitants jouissent toujours de baux à vie (ce qui ne facilite pas le "travail" des propriétaires) et d’autres de baux d’une durée de 5ans. Dans ce dernier cas, les personnes sont soumises à d’énormes pressions pour qu’elles quittent d’elles- mêmes les maisons, voire le quartier. Or, les travaux seront nécessairement suivis soit d’une hausse des loyers allant de 100 euros actuels environ à 800 euros au moins, soit de la vente à des prix exorbitants d’immeubles entièrement réhabilités. Mais surtout, le fait est que, à moyen terme, les propriétaires veulent faire de ce quartier un lieu à touristes (hôtels, auberges, locations...), d’autant plus que La Barceloneta a une vue sublime sur la mer.

Ainsi, une location temporaire pour touristes peut aller de 1800 à 3000 euros ! De nombreux propriétaires décident aussi de vendre des immeubles entiers. On leur propose des sommes dérisoires tout en leur disant que leur maison est insalubre et qu’elle risque de s’effondrer, ce qui est au pire faux, au mieux exagéré.

ASFCatalunya (Architectes Sans Frontières Catalogne) est très présent dans ces diverses luttes (les associations de quartiers également) et ce sujet très sensible et complexe continue plus que jamais de créer des tensions et conflits. Les architectes interviennent (par exemple sur place au cas par cas pour les urgences) pour des contre expertises d’insalubrité, ce qui a un poids juridique un peu plus lourd. Voilà le projet que je vais suivre durant ces quelques mois à venir.




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