Je reproduis ici deux communiqués qui circulent à propos de l’interception, la semaine dernière, d’une délégation de militant-e-s tunisien-ne-s qui venaient observer le procès (une nouvelle fois reporté) d’une vingtaine de militants considérés comme les leaders de la révolte populaire qui a commencé il y a un an dans le Rif (région amazighe du Nord du Maroc). Pour information, plusieurs de ces prisonniers sont en grève de la faim depuis plusieurs semaines. L’un d’eux, Anis El Khattabi, s’est effondré durant l’audience et a dû être transféré à l’hôpital, alors que l’administration pénitentiaire avait nié à plusieurs reprises l’existence d’une grève de la faim en cours pour ces prisonniers politiques.

Communiqué

 

La nuit du 16 octobre 2017, les services de Sécurité marocaines ont intercepté une délégation de militants associatifs venus au Maroc comme observateurs au procès du journaliste Hamid Mahdaoui et d’autres activistes détenus à Casablanca à la suite des mobilisations du Hirak du Rif. La délégation était composée de représentants de la Société civile tunisienne, à l’initiative de l’Association Yaqadha (Vigilance pour la Démocratie et l’État civil), du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme (CRLDHT) et du Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux (FTDES).

 

Nos amis Massaoud Romdhani et Ridha Raddaoui, membres de la délégation accompagnés par Mustapha Hattab, membre du Forum des Alternatives Maroc (FMAS) se sont retrouvés face aux forces sécuritaires après dix heures de route depuis Casablanca. À 45 km de Houceima, ils ont été empêchés d’accéder à ce haut lieu de mobilisations sociales des habitants de la région contre l’injustice qui perdure depuis des décennies.

 

Nous tenons à rappeler que la délégation de la société civile tunisienne s’est déplacée à Casablanca et voulaient rejoindre al Houceima afin d’observer la situation des habitants et de leur exprimer leur soutien à leurs revendications légitimes. Outre Massaoud Romdhani et Me Ridha Raddaoui, la délégation était composée de Mes Yousra Daaloul et Souhayl Mdimegh venus en défenseurs du journaliste Hamid Mahdaoui et des détenues du Hirak du Rif qui devaient passer en jugement à Casablanca le 17 octobre 2017.

 

La mesure prise par les autorités marocaines constitue à nos yeux une atteinte flagrante aux droits de l’Homme, un coup porté aux principes de solidarité maghrébine et une tentative de couper le Hirak de son environnement populaire maghrébin solidaire des mobilisations depuis le début.

 

Convaincu que le Maghreb des peuples survit et survivra grâce à cette solidarité :

 

  • Nous dénonçons cette pratique et la voie répressive choisi par les autorités marocaine qui nous rappelle les pratiques d’ancien régime en Tunisie.
  • Nous appelons toutes les organisations, tunisiennes, maghrébines et internationales, de défense des droits de l’Homme à condamner cette mesure ; à faire pression sur les autorités
    marocaines afin de forcer le blocus autour de Houceima et d’ouvrir une enquête sérieuse sur les sévices subis par les prisonniers, le journaliste Hamid Mahdaoui , les activistes et les dirigeants du Hirak dans les lieux de détentions ; à réclamer la libération immédiates de ces détenus et l’ouverture du dialogue avec les représentants du Hirak afin d’élaborer une feuille de route qui tienne compte des revendications de la population relatives au développement et à la justice sociale.
  • Nous réitérons notre engagement à poursuivre la lutte commune avec toutes les forces sociales et civiles maghrébines : pour un grand Maghreb démocratique qui respecte les droits de l’homme

Organisations signataires

 

  • Association vigilance pour la démocratie et l’État civique (Yakhadha)
  • Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme CRLDHT
  • Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux FTDES
  • La ligue Tunisienne des droits de l’homme LTDH

 

 

Les atteintes aux droits de l’Homme au Maroc s’élargissent aux militants de la solidarité intermaghrébine

 

Le 17 octobre 2017 s’est ouvert à Casablanca le procès de 21 militants du Hirak du Rif. Dans le cadre d’observation et de solidarité, une délégation maghrébine à l’initiative du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme (CRLDHT), du Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux (FTDES), de l’Association Yaqadha (Vigilance pour la Démocratie et l’État civil), accompagnés par une délégation d’avocats tunisien et par le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), devaient se rendre à Al Hoceima pour témoigner du soutien de la société civile tunisienne aux familles des prisonniers et des acteurs et actrices de la société civile sur place. 

Cette participation s’inscrit dans une tradition de solidarité entre les sociétés civiles maghrébines qui a été initiée depuis les événements de Gafsa par les dynamiques du forum social maghrébin

Au mépris des plus élémentaires droits des personnes à la libre circulation, garantie par la constitution, les autorités marocaines ont annulé à ces derniers leurs réservations d’hôtel à Al Hoceima et les ont refoulés à un barrage de police dressé à 45 km de l’entrée de la ville d’Al Hoceima.

 

Cet événement montre que les autorités marocaines pratiquent un état de siège non-déclaré de la ville et empêchent toute liberté de circulation, en particulier celle des militants de solidarité. Ces autorités cherchent à décourager les observateurs nationaux et internationaux, à isoler la population du Rif et à cacher la réalité de répression qui s’abat sur elle. Le tout sécuritaire est devenu la réponse.

Nous, associations et personnes signataires issues des différents dynamiques maghrébins, exprimons notre solidarité avec :

  • La délégation maghrébine victime de ces pratiques policières,
  • Le combat des populations du Rif pour une vie meilleure,
  • Les militants du Hirak emprisonnés dans les différentes prisons du Royaume.

Nous appelons à intensifier la pression sur les autorités marocaines afin 

  • Qu’elles lèvent ce siège de fait d’Al Hoceima,
  • Qu’une enquête sérieuse soit menée sur les conditions de détention et les témoignages de tortures des détenus, des militants et des dirigeants du Hirak. 
  • Qu’elles libèrent les militants emprisonnés,

Nous condamnons cette pratique et cette approche qui nous rappelle, entre autres, les années de plomb au Maroc et le régime de Ben Ali en Tunisie.

Enfin, en dépit des obstacles et des interdictions de faits des autorités marocaines, nous renouvelons nos soutiens et nos encouragements pour ces initiatives de solidarités qui s’inscrivent dans une longue histoire de solidarité intermaghrébine, histoire qui fait partie de notre lutte commune pour la construction d’un grand Maghreb solidaire et démocratique.

 

Premiers signataires :

 

  • Forum Marocain des Alternatifs Sud – FMAS
  • Forum Tunisiens des Droits Économiques et Sociaux – FTDES
  • Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie – CRDLHT