Le dimanche 26 mars, je prends l’avion avec Gigi et Federico vers Palermo. On est très fatigués surtout Federico, parce qu’il vient de finir l’assemblée générale d’ECVC à Rome et tous les travaux que ça implique. Gigi et moi on a eu des rendez vous avec des membres de Fuori Mercato.

Fuori Mercato est un réseau national italien auquel appartient mon projet de coopérative agricole. Le SOC est un syndicat qui fait parti de European Coordination Via Campesina.  l’objectif de cette rencontre…connaissance mutuelle des nos parcours respectifs

Je suis également militante au sein d’une association italienne qui s’appelle Ari (associazione rurale italiana), c’est grâce à ce travail que j’ai connu Federico.
Pour moi, et pour nous, accueillir le SOC à Palermo est un honneur pour plusieurs raisons. En effet, le SOC représente la première initiative publique que mon project present en Sicile comme reseaux nationale.
Le premier jour s’est déroulé à Palermo dans un théâtre libéré, c’est à dire autogéré depuis des mois. Etaient également présentes des associations locales ainsi que SOS Rosarno de Rosarno, Terre di palike de Catania, Rimaflow de Milan, I briganti de Serra San Bruno en Calabre.

Une chose très importante est d’élargir et renforcer les réseaux des groupes qui se bougent pour permettre une complémentarité. Le dimanche étaient présents des associations antiracistes, des groupes de consommateurs, des artistes et des militants tout simplement. C’est aussi ce que le SOC nous enseigne : faciliter la création de réseaux en permettant aux différents groupes de travailler selon sa propre méthode mais vers un objectif commun.
Pour moi et pour nous, la présence de Federico du SOC est un prétexte pour bâtir notre plan d’action pour la formation d’un réseau national mais surtout local.
En effet mon projet Contaminazioni est un projet né symboliquement au ghetto des travailleurs saisonniers de Campobello di Mazara. L’expérience de ce lieu nous amène à analyser les dynamiques sociales et économiques qui traversent cette région et au-delà. Nous croyons que l’exploitation de 700 Africains qui arrivent de Septembre à Décembre pour offrir leurs bras pour recueillir les olives précieuses « Nocellara », est un facteur structurel du système agraire capitaliste contemporaine. La majorité des très petits producteurs sont contraints de vendre leur travail et leurs produits à quelques grands intermédiaires, dans une large distribution plus ou moins organisés en lobbies de la mafia. .
La présence physique des ouvriers du ghetto Campobello révèle le côté le plus brutal d’un système commercialisé, mais en même temps nous a conduit à utiliser la créativité et de l’imagination pour remodeler les possibilités que notre région a à offrir. Être dans les contradictions est pour nous très important pour travailler pour le changement. Nous ne voulons pas créer des îles heureuses détachées de la réalité. On veut donner un exemple de vie concrète et pour ça on a commencé à s’organiser autour d’une autoproduction agricole et a une mise en réseau pour bâtir ensemble l’alternative.
Dans le même temps on a besoin d’organiser les revendications de toutes les personnes précarisées en partant de la condition des travailleurs ruraux : paysan(ne)s et saisonniers.
Le chemin que l’on a prit est celui de beaucoup d’autres groupes politiques. On est les héritiers de l’association SOS Rosarno. Désormais, on construit avec eux notre lutte au sein de Fuori Mercato. L’objectif stratégique de ce réseau est de surmonter la division entre la ville et la campagne et entre le producteur et le consommateur. On veut répondre à un ensemble de besoins sociaux : la santé, le revenu, le logement, les droits, la culture.
Le Syndacat Obrero del Campo est pour nous une référence car il réussit à maintenir ensemble le mutualisme et les revendications. Federico nous apprend comment ils ont bâti à travers les occupations des terres et la création d’un système alternatif leurs perspectives en ce qui concerne la souveraineté alimentaire. Nous voulons savoir comment ils organisent les luttes contre l’exploitation des travailleurs ruraux.
Emanuele de Terre di Palike, pendant le débat soutient : Quand on parle de la souveraineté alimentaire et de l’autodétermination territoriale, nous imaginons comment l’organisation des entreprises peuvent réunir les mouvements locaux existants, partent de la terre, non seulement pour l’affirmation des droits sociaux, mais aussi et surtout pour des chemins dans l’autogestion de la construction d’un autre système. On imagine de nouvelles formes de coopération et des modalités de travail. Essayer de mettre en pratique les modes de production sans exploitation est très difficile. Plus précisément nous n’avons aucun moyen de production. Le travail que nous faisons est à la fois pratique et politique, et il est très limitatif chacun de faire notre propre entreprise. Ensuite, mettre en place un réseau national en essayant de faire aussi la synthèse entre les différents groupes pour essayer de créer des outils pratiques et se donner les moyens qui peuvent servir à trouver les réponses et les supports matériels en raison du travail créé par nous-même. Ainsi, une société autogérée à chaîne courte par les producteurs aux consommateurs en y incluant le transport autogéré. Et voici la première contradiction parce que nous ne sommes pas dans les canaux locaux, vous pensez que c’est une phase ? Vous avez le même problème ? Le deuxième problème est le manque de moyens de production. La PAC a transformé les paysannes en entrepreneurs en les séparant les uns des autres. Ils sont été harnais dans un système de protection sociale dans les centres de services pour l’agriculture. Nous pensons maintenant que le syndicat comme le nôtre devrait commencer par une assistance qui a fait les centres de services pour l’agriculture. Nous devons repartir à zéro parce que le tissu agricole est totalement dépolitisé et doit supprimer ces sujets du nouveau système de grands domaines des mafias et des multinationales.

Federico soutient : Le SOC depuis les années 90 est dans la Via Campesina parce que notre nature est non seulement syndicale, mais aussi révolutionnaire en faveur d’une transformation radicale et donc pour un autre modèle d’agriculture et nous luttons contre le système agro-industriel qui, par sa nature a besoin de l’exploitation de l’homme et de la terre. De l’autre côté par la via Campesina, nous luttons pour un autre modèle économique et social et l’objectif est la souveraineté alimentaire et l’agroécologie dans un but d’accroitre la biodiversité et pour une réforme agraire. Il est important d’être conscient des deux niveaux à long et à court terme, ce dernier fait référence à la contradiction immédiate. Assurez-vous que les problèmes matériels ne vous éloignent pas du but final. Pour répondre aux besoins matériels mais aussi pour lutter on a besoin de l’organisation ! Plus il y à d’organisation est plus conflit et plus il y a la possibilité d’organiser des alternatives. Solidarité contre l’employeur, mais aussi bâtir l’alternative. Il est très difficile de travailler avec des saisonniers migrants parce qu’ils bougent souvent mais rien n’est perdu ! Parce qu’ils amènent avec eux leur expérience de lutte. Notre syndicat n’est pas la solution des problèmes mais est un outil pour l’auto organisation et pour résoudre certains problèmes. Nous faisons la promotion de l’organisation des travailleurs dans tous les domaines et leur association est importante. Nous devons promouvoir, soutenir et coordonner avec la lutte syndicale parce que ce type d’organisation est facilement cooptable par le système.

En fin nous avons vu une performance théâtrale sur l’exploitation des femmes impliquées dans le culture de tomate au sud de la Sicile (ragusa). C’etait une performance très intéressante parce qu’elle mettait en relief différents points de vue, en particulier la psychologie du petit paysan qui exploite !

On a ensuite continué le débat le lendemain à Partinico où on est en train de bâtir un réseau local avec des consommateurs et des paysan(ne)s.
La matin on a continué à parler entre nous des limites et des possibilités de nos perspectives et l’après-midi on a présenté notre travaille au territoire…
Ca a été deux jours très intensifs et important pour mon groupe. Le boost apporté par Federico a été fondamental car il nous a amené un regard critique et nous a aussi donné la force de continuer.